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Anatoly Turovsky, Motherhood
La famille, en fait, n’est rien d’autre qu’une mère et un enfant, avec éventuellement un père (même si ce dernier est assez important pour jouer un rôle dans l’éducation des enfants). Néanmoins, la famille est un des piliers de notre société. Toute critique fondamentale sur le fonctionnement de notre société passe donc par une critique de la vie de famille.
Au risque de paraître un peu cru, on pourrait dire que jusqu’à présent, la famille a toujours été le résultat plus ou moins accidentel d’une intéraction entre le désir de reproduction d’une femme et de l’appétit sexuel d’un homme.
L’émancipation par rapport à la famille
Au fur et à mesure que les femmes s’émanciperont de la charge que représente la reproduction, et que l’on accordera plus d’importance à la santé des rejetons, la vie familiale évoluera de façon importante. Quand les enfants naîtront en dehors du corps féminin, qui s’occupera de leur éducation? Les biologistes affirment que le soin porté aux enfants est lié à la certitude d’en être le géniteur. Ils prétendent que les femmes ne se soucient que de leur propre bébé, et qu’elles rejetteraient même tous les autres bébés. Cette hypothèse est largement acceptée dans notre société, et en dépit du fait qu’il y a des millions d’enfants sous-nourris dans le monde, il est extrêmement difficile pour des couples stériles mais disposant de toutes les ressources nécéssaires pour élever un enfant, d’en adopter un.
L’idée que le bonheur réside uniquement dans le fait d’avoir un enfant est également très fortement ancrée dans notre société. Et l’évolution vers un monde complexe, surpeuplé, où regnent la peur et l’insécurité, a tendance à renforcer l’idée de la famille comme seul et unique havre de paix, d’amour et d’intéraction authentiquement humaine.
Ruth Bloch, Fatherhood
Cette mythologie provient de l’impératif procréatif de la race humaine. Bien qu’elle ait eu jusqu’à présent une influence prépondérante sur la pensée des humains, une meilleure compréhension des véritables méchanismes qui gouvernent la reproduction et la vie en société pourraient contribuer à développer de nouveaux paradigmes.
Il est faux de penser que les mères sont uniquement aptes à élever leurs propres enfants. Le manque d’intérêt pour d’autres enfants est surtout fréquent chez les femmes qui ont le souci de se reproduire. A partir d’un certain âge, la plupart des gens sont attirés par les jeunes gens et sont disposés à les aider dans leur développement et éprouvent du plaisir à partager leur compagnie. Il n’y aura donc pas de problèmes pour trouver assez de gens pour élever les enfants nés en dehors du corps féminin. D’ailleurs, ce genre d’adoption existe déjà aujourd’hui: il arrive qu’une mère meure prématurément et que l’enfant soit élevé par ses grands-parents.
La famille et les nouvelles techniques de reproduction
Avec l’évolution des techniques de reproduction, la vieille question de savoir quel est le meilleur environnement social pour un enfant revient en force. Mais dorénavant, nous pourrons mettre ces idées en pratique. Il sera relativerment aisé de formuler des principes d’ordre général sur ce qui constitue une bonne éducation.
Par exemple, nous savons maintenant plus sur les comportements d’attachement. Il sera impératif pour chaque nouveau-né d’avoir au moins une personne à qui elle pourra s’attacher. Dans nos sociétés, la mère naturelle remplit ce rôle, mais rarement d’une façon satisfaisante.
Les jeunes mères sont en général encore elles-mêmes des enfants avec des problèmes d’attachement encore irrésolus, qui ont des relations problématiques avec le père de leur enfant ou un autre partenaire sexuel, qui doivent s’occuper d’autres enfants, et qui sont programmées pour rendre l’enfant apte à survivre dans une société particulière, en leur inculquant un nombre de rites sociaux et culturels. Autrement dit, l’attachement de l’enfant à sa mère est toujours problématique, ce qui explique pourquoi chaque génération perpétue les erreurs de la génération précédente. Si nous pouvions nous lier à une personne mature de la même façon que nous le faisons avec notre mère, nous éviterions certainement de ressentir toute une série d’émotions négatives.
Apprendre dans un nouvel environnementt
Un enfant a besoin d’un environnement où il peut s’épanouir. Celui-ci se doit d’être composé de gens d’âges différents, afin d’enrichir ses aptitudes physiques, mentales et sociales. Actuellement, pour la majorité des enfants ceci relève de l’utopie. Un programme d’éducation basé sur cet objectif doit être implémenté en même temps que des changements à tous les niveaux du système sexuel, c’est-à-dire, de contrôle des naissances. Un tel programme représentera un progrès considérable par rapport à la situation actuelle. Le système primitif d’éducation que nous connaissons, basé sur la famille et l’école, sera remplacé par des trajets d’apprentissage individuels, par plus d’opportunités pour chacun, ainsi que de meilleurs comportement relationnels et sociaux.
On peut aussi se poser la question s’ il faut absolument éviter de confronter les enfants à chaque sorte d’expérience désagréable dans le cadre de leur éducation. La réponse est négative. La nature causera toujours certaines catastrophes, et par conséquent, les êtres humains seront toujours confrontés à des difficultés et àdes frustrations de natures diverses. Il est donc nécessaire de préparer les jeunes gens à affronter ces difficultés. La nouvelle éducation que nous envisageons ici sera basée sur un mode de vie efficace, sain, et satisfaisant, sans pour autant nuire à la capacité des jeunes gens à éprouver des sentiments passionnels. Au contraire, le nouveau système d’éducation libèrera les générations futures du joug de l’incompétence émotionelle, des relations confuses et de la misère économique qui détruisent tellement de vies.
L’éducation
Il est impossible de dire comment les enfants seront éduqués le jour où le système familial que nous connaissons aujourd’hui aura été remplacé par d’autres microstructures plus humaines. La vie restera toujours une aventure, même si nous arrivons un jour à mieux contrôler les processus d’éducation et de reproduction qui gouvernent nos vies aujourd’hui.
Dès sa naissance, chaque être humain aura une personne à qui elle pourra s’attacher. Mais nous serons aussi acceptés et appréciés en tant que personnes, et nous jouirons de véritables droits humains. Nous aurons des relations amoureuses avec plusieurs individus. Dépendamment d’une série de facteurs, l’intensité et la durée de ces relations pourront varier. Mais elles constitueront un net progrés par rapport à ces liaisons superficielles, hostiles et névrosées que nous qualifions aujourd’hui de relations amoureuses.
Pour plus d’informations: le système sexuel > la famille
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